mercredi 16 décembre 2009

Contrat d'édition : Travaillez plus pour gagner moins !


Négocier un contrat avec une maison d’édition n’est jamais chose facile. Il est bien sûr nécessaire de convenir des avances sur droits et pourcentage sur le prix de vente H.T. de l’album mais cela est encore relativement facile de trouver un compromis acceptable pour les deux parties. Par contre, ce que beaucoup ont tendance à oublier et qui est pourtant capital, ce sont les négociations concernant les diverses clauses du contrat. Et là il y en a des choses écrites en petits caractères dans de longues phrases bien compliquées… La plupart du temps ces clauses sont plus à l’avantage de l’éditeur que de l’auteur-illustrateur.
Voici les épreuves validées pour la couverture d’une anthologie de « Gute-Nacht-Geschichten für die Kleinen » que je n’illustrerai pas, la maison d’édition ayant refusé de procéder à certaines modifications dans les clauses du contrat; j’ai déjà travaillé sur ce projet depuis plus d’un mois en envoyant à l'éditeur, en réponse à sa demande, les esquisses pour 8 histoires, esquisses d’ailleurs validées par l’éditeur en question. Cet album devait contenir une quarantaine d’illustrations+ vignettes + couve, le tout à réaliser d'ici fin février 2010.Le hic c’est que depuis plusieurs semaines je demandais un contrat écrit et celui-ci ne m’a été envoyé que très récemment. Le contrat était loin d’être parfait ; il me semblait du coup souhaitable et nécessaire d’y apporter quelques sérieuses modifications. Je demandais notamment que mon nom soit bien visible sur la couverture de l’album et mentionné à chaque réutilisation d’une des illustrations de l’album, ce que l'éditeur m'a affirmé être chose impossible pour lui! La maison d’édition ayant également un département audio, celle-ci me proposait généreusement un forfait de 200 € pour l’utilisation éventuelle d’une de mes illustrations comme couverture de CD.
Autre point d’achoppement : au cas où la maison d’édition après réception de l’ensemble des originaux décidait finalement de renoncer à éditer le projet pour une raison ou une autre, l’éditeur proposait de ne me verser en dédommagement qu’un tiers de l’avance sur droits à savoir 1000 € ; déjà 3 ou 4 mois de travail pour 3000 € ce n’est pas le Pérou, mais 1000, alors là comment vivre, comment seulement payer son matériel (le papier et les couleurs, ça coûte et ça se paye avant de pouvoir les utiliser).
Je souhaitais également que cette avance de 3000 € me soit versée en 2 parties, l'une à la signature du contrat, l'autre à la remise des originaux. L'éditeur n'acceptait qu'un seul versement à la remise des originaux. Quand vous faites construire une maison, vous attendez de recevoir les clefs pour verser le premier centime ???
Certains éditeurs ont la fâcheuse tendance d’oublier qu’illustrer est un travail à temps plein, un métier et non un hobby, qu’un illustrateur ne vit pas seulement d’amour et d’eau fraîche. Lorsque vous avez l’audace de demander à l’éditeur s’il accepterait de travailler pour un salaire aussi bas que celui qu’il vous propose et que vous lui rappelez que lui aussi a probablement négocié son contrat d’embauche, il s’en offusque. Ce que fait l’éditeur ne regarde pas l’illustrateur, cette petite personne qui « s’occupe » en gribouillant.
Alors prenez plaisir à ces deux illustrations ; moi je vais aller me reposer, rêver d’un monde plus juste où règnerait un commerce équitable, et demain je reprendrai mon crayon et mes pinceaux et continuerai la route. « Kopf hoch ! » hat mir Alex gesagt. Ja Alex, Du hast recht.

8 commentaires:

  1. Merci de partager malgré tout ta mésaventure... Ton Alex a raison, et tu as bien fait. Tes jolies illustrations auront peut-être une autre vie ?
    Bon courage en tout cas, et encore merci.

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  2. Merci Coralie pour tes encouragements. Je voudrais juste apporter une petite précision: le "Alex" en question n'est pas "mon" Alex; Alexander est simplement un super copain allemand, illustrateur lui aussi. Vous pouvez d'ailleurs aller faire un tour sur son blog;cela vaut le coup. Le lien se trouve dans les sites que je recommande à mes visiteurs. A bientôt!

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  3. J'adore ces jolies images, elles me font craquer. C'est bien de n'avoir pas cédé et de savoir être vigilante, ces gens sont odieux !
    De la création équitable, tiens tiens, voilà un beau projet....!

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  4. Oups ! Effectivement j'ai lu trop vite et comme je n'ai pas refait allemand de puis des années, j'ai mal compris ;-)
    Maintenant que je revois la phrase, c'est très clair ;-)
    Et merci pour le conseil, je file voir son travail !

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  5. C'est beau ce que tu as fait ... je veux dire camper sur ta position et tes dessins!!
    et ils sont si mignons...si tu ne leur trouve pas une destination... je suis prête à répondre présente!!

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  6. oulala ben ça alors ils sont gonflés !
    bravo à toi de ne pas avoir cédé car tes illustrations vaillent bien un effort de leur part !
    courage en espérant d'autres succès et belles aventures !

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  7. bonjour sarah, je me demande comment on peut en vivre, j'ai déjà eu des déboires avec une éditrice qui m'a roulée dans la farine, si je peux me permettre l'expression, et maintenant, j'ai eu un contrat par un éditeur qui reporte la sortie de l'ouvrage et donc les 250 euros qui me sont octroyé pour l'illustration de ce livre ne me seront payés qu'une semaine avant la mise en vente de celui ci. il m'a fait un contrat d'exclusivité qui m'interdit d'illustrer pour un autre , je suis coincée. tu as raison de dire que les gens concidérent notre activité comme un passe temps, à croire que nous vivons de l'air du temps. j'avoue être déçue par le monde de l'édition que je juge , peut être à tord , comme peu sérieux. bon courage à toi, ceci dit j'aime beaucoup ton travail , surtout ta petite poule, cordialement

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  8. Ce que tu racontes est très intéressant. J'aurais une question à te poser: combien demanderais-tu pour une commande de 25 dessins qui seraient filmés pour illustrer un film documentaire? Merci.

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